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Introduction

Ensuite, avec l’apparition de la pellicule couleur, des notions d'étalonnage plus poussées arrivent. Déjà, il y a du travail lors de la prise de vue, car en fonction du choix de la pellicule et de la caméra, l’image est plus ou moins contrastée, et plus ou moins saturée. En post-production, l’étalonnage est possible et commence à être plus poussé. En effet, le développement de la pellicule se fait via un rayon blanc, il est possible de jouer avec la couleur du rayon, s’éloignant d’un blanc pur. Ceci permet de rattraper une erreur de dominante via sa complémentaire, mais aussi de donner une teinte artistique au film.

L’étalonnage est avant tout une histoire de calibration. Même si la notion artistique est importante, la base de l’étalonnage est de permettre d’avoir les mêmes couleurs sur chaque plan de la séquence, et d’avoir une image identique tout le long du film, comme c’est le cas aussi dans le milieu de la photo, où il y a une calibration des couleurs dans toute la série de la photographie.

De même et depuis toujours, le travail artistique sur la couleur existe, mais la notion de calibration a toujours existé, même si elle est imparfaite, car c’est ce qui permet d'identifier une œuvre à une école ou un artiste. En effet, les couleurs de l’école du Nord sont totalement différentes des couleurs que l’on peut retrouver chez les peintres italiens de la Renaissance. Dans le cinéma et l’audiovisuel, l’étalonnage est une étape de post-production, qui ne vient qu’une fois le montage image finalisée. Dans l’histoire du cinéma, la notion d’étalonnage n’est pas apparue tout de suite. En effet, avec le cinéma noir et blanc, l’étalonnage n’existait pas vraiment. Les seules retouches possibles étaient d’augmenter ou de diminuer le temps d’impression sur le positif, permettant de compenser si la prise était légèrement sous-exposée ou surexposée.

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260px-Rembrandt_-_The_Philosopher_in_Meditation.jpg

La Naissance de Vénus, Botticelli, 1485

Philosophe en méditation, Rembrandt, 1632

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Comparaison entre deux pellicules 35mm. Lien de la vidéo : Cheap 35mm Film Comparison - Kodak Ultramax 400 vs Fuji Superia 400 - YouTube

Cependant, on parle vraiment d’étalonnage avec l’arrivée du numérique et du trois voies, avec le signal décomposé en signal rouge, vert, bleu dans les années 90, puis l’arrivée du logiciel Avid Media Composer en 1989, proposant un outil d’étalonnage Avid Symphony en 1998. Puis, l’arrivée du logiciel d’étalonnage de référence, DaVinci Resolve en 2004. Avec ces nouvelles possibilités de retoucher les couleurs, de nouvelles normes sont apparues, avec la notion d’espace colorimétrique.

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Capture d'écran de la première version d'Avid Symphony

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Dès 1934, une norme a été posée afin de schématiser les couleurs que l'œil humain peut percevoir, dans un schéma en 2D. Avec la possibilité de modifier les couleurs des différents projets, des normes ont été instaurées, en fonction du support de diffusion, afin que chaque spectateur puisse voir le même contenu vidéo, avec les mêmes couleurs. Ainsi, la notion d’espace colorimétrique a été instaurée avec la télévision numérique couleur et la norme ITU-R BT 601, connue sous le nom de Rec.601, remplaçant ainsi le système analogique SECAM utilisé en France. Puis, avec le lancement de la TNT en France, une nouvelle norme colorimétrique a été mise en place, la UIT-R BT 709, plus connu sous le nom de Rec.709, largement utilisé aujourd’hui.

Schéma représentant le Rec 301 et le Rec 709 dans le CIE 1931 XY

Avec le numérique qui se développe, les ordinateurs de plus en plus puissants, et les caméras devenant numériques, l’étalonnage bénéficie de ces nouvelles technologies, avec l’enregistrement des couleurs en Rec.709 dans un premier temps, puis, une nouvelle révolution avec l’enregistrement des couleurs non plus linéaire mais logarithmique. Grand avantage face au Rec.709, les espaces logarithmiques permettent de recréer le profil de l’image en post-production, puisque l’image est dite “flat”, elle est peu contrastée et peu saturé, donc c’est lors de l’étalonnage que l’image prend vie, comme l’étape de développement avec la pellicule. Cependant, les fabricants n’ont pas réussi à s’entendre sur la création d’un espace logarithmique, préférant créer son espace logarithmique, pour mettre en avant ces fonctionnalités, et l’améliorer au fil des années, ce qui explique que Sony dispose de quatre espaces colorimétriques différents. Aujourd’hui, différentes technologies viennent enrichir l’étalonnage, avec notamment le HDR et le Wide Gamut. Et demain, d’autres technologies pourraient arriver pour améliorer la qualité de l’image (UIT-R BT 2020, dit Rec.2020). C’est face à ces nouvelles technologies que l’Académie des Oscars expose officiellement son nouvel outil, en 2015, nommé ACES : Academy Color Encoding System.

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Courbe de transfert linéaire vs logarithmique. Par Todd Blankenship, 2017

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Mais, l’ACES est-il la solution face aux différents enjeux de la post-production?

 

Tout d’abord, je présenterai l’ACES et ces avantages face aux nouveaux enjeux de la post-production, puis j’aborderai les limites de l’ACES dans son utilisation, avant de conclure sur les autres outils possibles à utiliser sans la prise en charge par l’ACES.

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