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L’industrie du cinéma face à l’ACES

“L’ACES est un outil pour le cinéma, développé par l’industrie du cinéma” 1. Pour une implantation rapide de l’ACES, l’Académie des Oscars a travaillé avec les acteurs du cinéma, comme ARRI, FilmLight ou encore The Foundry pour la partie FX. Cependant, même si la liste comprend différents acteurs du tournage et de la post-production, ce sont quasiment tous des entreprises lié à l’industrie cinématographique. Même si Nuke, logiciel d’effets spéciaux de The Foundry, est utilisé dans d’autres secteurs audiovisuels, c’est un logiciel majoritairement à destination du cinéma. Sony, Arri, RED, ce sont trois entreprises qui sont surtout tournées vers l’industrie cinématographique, même si Sony développe des caméras pour d’autres secteurs. C’est pour cela que l’ACES n’est pas majoritairement utilisé, car même si l’ACES peut être utilisé dans toutes les chaînes de workflow audiovisuel, l’intention cinématographique se retrouve dans les arguments avancés. Tout d’abord, l’idée de l’ACES 2065-1, c’est de pouvoir archiver les films afin de pouvoir les diffuser plus tard. Comme expliqué précédemment, les chaînes de télévision, par exemple, n’ont aucun intérêt d’archiver leurs contenues en ACES, alors que pour les films Marvel, par exemple, les films sont archivés en ACES 2065-1 pour la couleur, mais sur de la pellicule via le ArriLaser, développé par Arri. L’ACES prend tout son sens quand il y a plusieurs caméras d’utilisées. Pour la série Netflix Sex Education, différentes caméras de différentes entreprises ont été utilisées, donc plusieurs espaces colorimétriques se mélangent en post-production. Ainsi, l’utilisation de l’ACES prend son sens. Mais pour un documentaire entièrement filmé en Rec 709, ou un clip tourné avec une seule caméra, l’utilité n’est pas là.
Comme c’est un outil cinématographique, là où il y a plus de temps et plus de budget pour la post-production, la place de l’ACES est plutôt dans le milieu cinématographique. Cependant, comme détaillé précédemment, les studios de cinéma, en France, sont plutôt contre l’ACES. Pour que l’ACES s’implante de façon plus importante en France, c’est toute une industrie qui doit se poser la question, et évoluer pour aller vers cela. Cependant, est-ce que les studios le souhaitent ? Est-ce qu’ils sont prêts à accueillir et utiliser une technologie américaine alors que la méthode actuelle en France fonctionne ? La réponse est bien évidemment non. Sans même voir les avantages et inconvénients de l’ACES, les studios de cinéma et équipe techniques restent frileux à l’idée d’utiliser cela, car historiquement, le cinéma français s’est battu pour rester, pour garder une production en France, et différentes mesures ont été prises, autant sur le financement des films, que la mise en place du statut de l’intermittence, afin de pouvoir continuer à avoir une production cinématographique française. Alors, même si cela ne remet pas en cause le cinéma français, il est évident que les studios ne souhaitent pas trop se tourner vers cette technologie issue des États-Unis. Est-ce une forme de protectionnisme du cinéma français ? Compliquer d’y répondre. En tout cas, si l’ACES ne s’implante pas dans la production audiovisuelle française, c’est certes, qu’il y a des limites que l’ACES n’est pas la solution miracle, ce n’est pas adapté à toutes les formes de production audiovisuel, mais sa faible implantation ne dépend pas que de des problèmes techniques, il y a un attachement à la façon de faire en France, même si elle est critiquable, qui rend l'implantation de l’ACES assez complexe. Si l’ACES n’est pas utilisé, il y a le travail à l'œil, comme l’a si bien détaillé Steve Green de SGO, mais d’autres outils existent, et qui permettent de travailler dans des conditions similaires à l’ACES.

1 Guillaume Shmitter, le 13 avril 2022, lors d’un échange téléphonique.

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