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La pertinence niveau matériel et technique 

  L’ACES se retrouve face à différents problèmes, empêchant ou rendant son utilisation non-pertinente. Le principe est de convertir les rushs dans un espace colorimétrique plus grand (l’AP0). Mais, l’AP1 n’est finalement pas si grand que cela, donc l’utilisation de l’ACES n’est pas forcément utile. Il se retrouve très proche des espaces colorimétriques larges comme le DCI P3 ou le Rec 2020, les deux standards de diffusion qui vont devenir des standards de référence.

  De plus, quand le projet est filmé avec une seule caméra, il n’y a qu’un seul espace colorimétrique pour ce projet. La question de l’utilisation de l’ACES est légitime, car l’avantage d’un espace colorimétrique plus grand n’est pas très utile. Avec les écrans de monitoring, il est possible de choisir l’espace colorimétrique d’affichage du projet, permettant de voir le rendu potentiel du projet dans cet espace, et d’adapter rapidement le projet pour l’adapter aux différents espaces colorimétriques. Pour les effets spéciaux, ils peuvent être réalisés dans l’espace ACES CG AP1, mais cela peut aussi être exécuté dans l’espace colorimétrique de diffusion (Rec 709, DCI P3,...).

  L’argument le plus mis en avant pour l'utilisation de l’ACES, est que tout le workflow soit dans une seule norme colorimétrique, et qu’il est possible d’archiver avec cette norme colorimétrique, notion importante dans la communication de l’ACES. Mais, pourquoi utiliser l’ACES pour archiver, alors que chez Studio Canal, ils demandent trois masters différents pour chaque film, un premier avec l’espace colorimétrique DCI P65, avec le blanc de référence à 1.000 nits, un deuxième avec le blanc de référence à 100 nits (pour la diffusion télévision), et un troisième en DCI P3 (pour la création du DCP). Là où l’ACES met en avant l’ACES 2065-1 pour l’archivage, les principaux studios français (Studiocanal, Gaumont Pathé) demandent un export en DCI P65 pour archiver les films.

  Cela est pour la partie cinéma, mais dans les autres secteurs audiovisuels (émissions TV, documentaire TV de 52min, clip, publicité, série), pour archiver et diffuser ces projets, quand est-il ? Pour tous les projets télévisuels (sport, émission TV, journal), les chaînes sont dans l’obligation d’archiver, pour pouvoir réutiliser ces archives à tout moment.

Cela représente plusieurs heures de programme chaque jours. Donc, archiver un projet en .EXR ACES CC AP0, cela rendrait le programme très lourd, sans intérêt pour la télévision, là où il y a une course à la place pour pouvoir tout stocker dans un minimum de place, donc un minimum de coût.

 

De plus, avec l’ACES, l’intérêt est de pouvoir adapter le projet dans l’espace colorimétrique de diffusion. Avec le Rec 2020 qui deviendra la norme en 2024, l’intérêt de l’ACES est de pouvoir diffuser ces programmes en Rec 2020. Cependant, est-ce vraiment judicieux ? Les programmes sont datés, et l’utilisation sera comme archive, donc le spectateur saura que ce n’est pas un programme actuel.

Finalement, les chaînes TV n’ont aucun intérêt à avoir recours à l’ACES pour archiver. Pour l’instant, la recherche se tourne vers l’archivage des métadonnées de l’image, mais l’espace colorimétrique de l’image est le Rec 709 Gamma 2.2 et reste comme cela. S’il y a besoin, la chaîne TV fera appel à un laboratoire pour upscaler l’image, et pouvoir l’afficher en Rec 2020, ce qui, selon Canal +, coûterait moins cher que d’archiver tous les programmes en ACES.

 

Cependant, pour les programmes diffusés sur la chaîne comme le 52min, format du reportage ou du documentaire des chaînes TV, vu qu’il y a un traitement de l’image avant la diffusion, la question de l’ACES peut se poser, avec un export pour la diffusion sur la chaîne TV, et un export en ACES CC AP0 pour l’archivage. La question peut se poser, mais même si l’étalonneur, pour un gain de temps, choisi l’utilisation de l’ACES, l’export d’archivage ne sera pas fait en ACES, pour la même raison qu’expliqué précédemment, cela coûterait trop chère à la chaîne.

De plus, le temps d’étalonnage étant relativement court, l’ACES n’est pas forcément utile, car les projets, qu’ils soient filmés via une ou deux caméras, sont essentiellement filmés en Rec 709, pour diminuer le temps d’étalonnage. Hors, une image Rec 709 d’un appareil Sony n’est pas la même qu’une image Rec 709 d’un Panasonic. Et pour avoir le même profil d’image entre ces deux, l’ACES n’est d’aucune aide, c’est le travail de l'étalonneur d’avoir le même profil d’image sur deux images différentes.

  Après, l’ACES rencontre quelques problèmes, car pour passer d’un espace colorimétrique à un autre, c’est une formule mathématique qui est appliquée, et parfois, des erreurs apparaissent. Par exemple, pour une série Netflix, lors du paramétrage de l’ACES, des traits violets sont apparus sur l’image. Pour éviter cela, un pré-développement a été effectué, avant l’application de l’ACES, pour éviter l’apparition de cette erreur.

 

De même, pour un clip, l’image en ACES CCT est correctement étalonnée, mais lors de son passage en ACES CC AP0, des aberrations dans le fond vert apparaissent, comme cela est visible sur l’image. Ce genre de problème est dû à une seule raison qui pose problème à l’ACES, c’est un outil encore en développement. En effet, chaque jour, il est possible d’assister à des échanges, en visioconférence, avec différents représentants de l’ACES ou des entreprises partenaires, afin d’étudier sur comment améliorer l'outil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais maintenant, des mises à jour se font attendre, justement pour permettre de gommer les différentes erreurs lors de la conversion d’espace colorimétrique. Et, l’un des axes de recherches et discussion actuellement sur l’ACES, c’est de permettre le travail collaboratif.

 

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Exemple d’aberration de l’ACES. Issu du clip SYDS Amoureux du démon. © ESRA Bretagne, avril 2022.

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Quand l’ACES a été lancé, cela n’a pas été fait par l’Académie dans son coin, les principales entreprises de l’audiovisuel ont contribué à sa conception. Il y a notamment des marques de caméras (comme Arri ou RED), des concepteurs de logiciels (The Foundry) et des utilisateurs (Shotgun Digital notamment). Ces entreprises ont été concertés et ont permis d’améliorer la conception de l’ACES .

Ce travail collaboratif a permis d’avoir un outil exploitable et déjà ancré dans la production cinématographique lors de sa sortie en 2015, avec des films de références ayant déjà utilisé l’ACES (Big Eyes de Tim Burton, 2014, et La Grande Aventure Lego, Chris Miller, 2014, pour l’utilisation de l’ACES CG).

Capture d'écran de la vidéo de présentation de l'ACES à l'IBC 2015. Lien : ACES Overview by Andy Maltz - IBC 2015 (tech level: low) - YouTube

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Affiche du film Big Eyes de Tim Burton, 2014 ©The Weinstein Company

Affiche du film La Grande Aventure Lego, Chris Miller, 2014 ©Warner Animation Group

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